Enquête
Emergence de l’animalisme végétarien en politique
Depuis son introduction en France dans les années quatre-vingt par quelques militants proches du mouvement anarchiste, le mouvement animaliste végétarien, prônant l’interdiction de la consommation de viande pour des raisons morales, a fait du chemin, explique le chercheur Fabien Carrié. D’abord mis au ban de tous les mouvements sociaux et politiques durant les années quatre-vingt-dix, il s’est rapproché des tenants de la protection animale dans les années 2000, pour donner notamment naissance à L214. L’association incarnera ensuite la volonté de professionnalisation du mouvement dans les années 2010 et son envie d’exister dans la sphère publique. Ce virage se manifeste également par la création de partis dédiés, dont le Parti animaliste, surprise des dernières européennes avec 2,16 % des voix. Ces idées ont aussi gagné en influence dans certains partis politiques majeurs, exclusivement à gauche et chez les écolos, occasionnant des débats internes complexes et des positionnements politiques parfois ambigus. Tour d’horizon.
Pour Fabien Carrié, chercheur au CNRS, il ne faut pas comprendre l’audience grandissante des associations abolitionnistes dans les médias comme traduisant forcément un mouvement de fond au sein de la société française. Il s’agirait plutôt selon lui d’« une intensification des luttes » autour de la question animale. En fait, c’est peut-être moins dans la société qu’il faut chercher une explication à cette recrudescence que dans l’histoire du mouvement végétarien lui-même.
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