Européennes : la souveraineté alimentaire s’impose dans les programmes des candidats
Passé la crise, le soufflé est un peu retombé. L’agriculture tient, certes, une place importante dans les programmes des principales formations politiques françaises se présentant aux élections européennes du 9 juin, mais les têtes d’affiche « agricoles » que beaucoup s’attendaient à voir fleurir ne sont pas si nombreuses et pas si bien placées. Hormis chez les Républicains qui ont inscrit la céréalière Céline Imart au deuxième rang de leur liste, ailleurs, les personnalités agricoles retenues sont sensiblement les mêmes que celles qui siégeaient déjà au Parlement européen lors de la mandature qui se termine : Jérémy Decerle pour Renaissance (relégué en 14e position de sa liste), Christophe Clergeau pour les Socialistes, Benoît Biteau pour les Verts. Chez RN, toutefois, l’éleveuse Valérie Deloge devrait être le nouveau visage agricole du parti alors que Reconquête et LFI n’ont pas mis de représentant spécifique en position éligible. Si l’agriculture reste bien placée dans la plupart des programmes, d’autres dossiers prennent aussi de la place : réindustrialisation, sécurité, défense, immigration, élargissement. Globalement dans une période post-pandémie de Covid-19 marquée par la guerre en Ukraine, les questions de souveraineté, notamment alimentaire, dominent l’ensemble des programmes. À leur lecture, il ressort que deux visions de l’agriculture s’opposent. À droite, des idées communes émergent, notamment celle visant, avec certaines nuances, à remettre en cause les dispositions issues du Green Deal et de sa déclinaison agricole, la stratégie De la ferme à la table, considérées comme favorisant la décroissance agricole. À gauche plus encore, les grandes lignes des propositions se rejoignent : remplacer les aides de la Pac à l’hectare par des aides à l’actif, réguler les marchés ou encore fixer des objectifs ambitieux de réduction des pesticides. Mais, quelle que soit la position sur l’échiquier politique, un dénominateur commun s’impose : la méfiance, voire le rejet, vis-à-vis des accords de libre-échange et en particulier de celui avec le Mercosur et l’imposition de clause miroir. Tour d’horizon des principales listes et de leurs propositions :
- Renaissance : l’agriculture entre autres
Attendu au tournant après le mouvement de contestation agricole du début d’année, force est de constater que le parti présidentiel ne répond pas totalement aux attentes placées en lui. Si l’agriculture ne figure pas parmi les propositions centrales du programme publié le 6 mai qui se place dans la lignée des idées développées par le président Macron lors de son discours prononcé à la Sorbonne le 25 avril, l’architecture du volet agricole s’articule toutefois autour du triptyque : simplifier, produire et protéger.