Négociations agricoles de l’OMC
La France s’oppose aux initiatives de la Commission européenne
Les négociations agricoles à l’OMC ont soudain pris un tour polémique le 18 octobre, non entre les délégations elles-mêmes mais entre la France et la Commission européenne et surtout son négociateur, le commissaire au commerce Peter Mandelson. Estimant que celui-ci avait franchi la «ligne rouge» fixée par le mandat de négociation, le gouvernement français a demandé que toute nouvelle proposition soit d’abord soumise au conseil des ministres. Dans un communiqué du ministre de l’agriculture, le gouvernement a même demandé que Peter Mandelson n’évoque plus le dossier agricole lors de la réunion qui était programmée le 20 octobre. À défaut de retour dans le cadre du mandat de négociation, les conseillers des ministres de l’agriculture et du commerce extérieur évoquaient le refus possible de la France de signer un accord dans le cadre du Doha round. Entre ces pressions et les déceptions des autres pays de l’OMC, la marge de manœuvre de Peter Mandelson semblait de plus en plus étroite à la reprise des pourparlers de l’OMC le 19 octobre à Genève entre l’Union, les Etats-Unis, le Brésil, l’Inde et l’Australie (le «club des Cinq»). Ces échanges de vues ont d’ailleurs été interrompus, la délégation communautaire réclamant des progrès sur les autres secteurs (industrie, services) avant tout effort supplémentaire sur l’agriculture, approche refusée par ses partenaires américain, brésilien et australien. Le représentant des Etats-Unis, Rob Portman, restait cependant «prudemment optimiste de voir l’UE déposer la semaine prochaine une offre ambitieuse sur l’agriculture». D’ici là, la question sera discutée par le Conseil agricole des Vingt-cinq.
À l’issue de la réunion à Genève du «Club des Cinq», qui devait être élargi le 20 octobre à l’Argentine, au Canada, à la Chine, au Japon, à la Nouvelle-Zélande et à la Suisse, le représentant américain au commerce s’est déclaré « très déçu que l’UE n’ait pas présenté d’offre sur l’ouverture du marché» agricole. Toutefois, a ajouté sa porte-parole, Christin Baker, « il semble que l’UE se mette en retrait pour déterminer ce qu’elle peut offrir et présentera quelque chose au groupe la semaine prochaine».