Loup : la Convention de Berne valide le déclassement du statut de protection
Comme attendu, sur proposition de l'UE, la Convention de Berne a validé la changement du statut de protection du loup en Europe. Une décision qui ouvre la voie à une révision de la directive européenne Habitat et donc à un assouplissement des mesures de gestion des meutes dans les États membres.
La Convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe, a approuvé le 3 décembre un déclassement du statut de protection du loup, qui va passer d’espèce « strictement protégée » (annexe II) à « protégée » (annexe III). Les 49 membres, réunis à Strasbourg, ont approuvé une proposition en ce sens portée par l’UE. Cinq membres de la Convention ont voté contre (Royaume-Uni, Monténégro, Monaco, Albanie et Bosnie-Herzégovine), tandis que l’UE (27 voix), Andorre, l’Arménie, la Géorgie, l’Islande, la Norvège, la Macédoine, la Moldavie, le Liechtenstein, la Serbie, la Suisse et l’Ukraine se sont prononcés pour. La décision sera publiée le 6 décembre et, si moins d’un tiers des parties à la Convention de Berne s’y oppose, le changement de statut entrera en vigueur le 7 mars 2025 dans les pays qui n’ont pas formulé d’objections. Après cette date, l’UE pourra alors adapter les annexes correspondantes de la directive Habitats sous forme d’un acte délégué. « La Commission proposera une modification législative ciblée à cet effet, qui devra être adoptée par le Parlement européen et le Conseil », assure Bruxelles. « Ce changement donnera aux États membres une flexibilité supplémentaire dans la gestion de leurs populations locales de loups. Dans le même temps, comme le loup restera une espèce protégée, les mesures de conservation et de gestion des États membres devront toujours atteindre et maintenir un statut de conservation favorable », précise la Commission européenne.
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« La population de loups en constante augmentation et le risque qu’elle représente justifient l’adaptation du statut de protection juridique », confirme la nouvelle commissaire européenne à l’Environnement, Jessika Roswall, La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui avait proposé il y a un an, de sa propre initiative, cette révision s’est félicitée sur X de cette « nouvelle importante pour nos communautés rurales et nos agriculteurs. »
Bataille d’interprétation
Les estimations montrent que la population de loups dans l’UE a presque doublé en dix ans (11 193 en 2012 contre 20 300 en 2023). Selon les dernières données disponibles, les loups tueraient au moins 65 500 têtes de bétail chaque année dans l’UE. Sur les neuf sous populations de loup présentent en Europe trois sont classées dans la catégorie « préoccupation mineure », cinq « quasi vulnérables » et une « vulnérable » (en Scandinavie).
Les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) ont salué une décision qui « apportera aux éleveurs européens une plus grande tranquillité d’esprit ». Elles attendent. Nous maintenant « avec impatience l’adoption finale de cette proposition et la collaboration étroite avec les institutions de l’UE sur le prochain acte délégué ».
Les ONG EEB, WWF et Birdlife, au contraire, ont une nouvelle fois dénoncé une décision politique ne reposant sur aucune donnée scientifique et qui ouvre la porte à la révision du statut de protection d’autres espèces protégées à travers l’Europe. Des États membres poussent déjà pour rediscuter de la protection des ours, des lynx ou des cormorans.