Inde
Un géant agricole aux pieds d’argile
Nourrir un milliard d’habitants... Excepté la Chine, son grand voisin, aucun pays n’a comme l’Inde l’incroyable défi quotidien de subvenir aux besoins alimentaires d’un cinquième des individus de la planète. Un objectif que la plus grande démocratie du monde a su atteindre grâce à la « révolution verte », lancée il y a plus de trente ans, mais qui a atteint aujourd’hui ses limites : éclatée, faiblement productive, fortement liée à la mousson, la filière agricole indienne est peu armée pour répondre aux besoins alimentaires d’une population qui continue de croître de 2% par an. Si la nécessité d’une réforme agraire est admise par beaucoup, la volonté politique ne suit pas tant la crainte est grande de susciter un exode rural massif au sein d’une population encore à 70% installée dans les campagnes. Un sujet tellement sensible qu’à quelques semaines du renouvellement du Parlement, aucun des deux principaux partis politiques en campagne n’a eu le courage d’aborder frontalement les réformes à mener. Dehli préfère placer son combat agricole à l’international, avec un leitmotiv : abolir les subventions agricoles des pays industrialisés.
A défaut d’être capable de résoudre ses contradictions internes, le gouvernement indien préfère focaliser son combat agricole sur les négociations commerciales internationales. Une stratégie jusqu’ici payante tant électoralement (l’opinion publique est prompte à fustiger l’arrogance des pays industrialisés sur les subventions agricoles) que diplomatiquement : l’Inde s’est fait un beau succès international en réussissant à se placer, aux côtés du Brésil et de la Chine, parmi les chefs de file des pays qui firent capoter la réunion de Cancun en septembre 2003.