Engrais : un plan européen avec les moyens du bord
Alors que les producteurs européens d’engrais et les agriculteurs subissent de plein fouet la flambée des prix des engrais liés à ceux du gaz dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Commission européenne, contrainte d’agir avec réactivité, a mis sur la table le 9 novembre un ensemble de mesures visant à limiter l’impact de la crise énergétique. À court terme, elle prévoit notamment pour les industriels un accès prioritaire au gaz en cas de rationnement, mais elle refuse de lever les droits antidumping sur certaines importations de produits azotés qui risqueraient selon elle de mettre à mal l’industrie européenne dont une partie de la production est déjà à l’arrêt. Concernant les engagements financiers, faute de réels moyens, Bruxelles encourage une nouvelle fois les États membres à mobiliser le cadre temporaire de crise des aides d’État et leur propose de solliciter la réserve de crise agricole de la Pac. Un nouvel observatoire du marché des engrais devrait être créé dans le courant de l’année 2023. À plus long terme, Bruxelles entend promouvoir une utilisation plus durable des engrais et un meilleur recours au fertilisant organiques. Mais les détails de ce second volet devront attendre la publication début 2023 d’un autre plan sur la gestion intégrée des nutriments.
La pandémie de Covid-19 suivie par la crise énergétique dans le contexte de la guerre en Ukraine ont entraîné depuis deux ans une hausse record des prix des engrais. Les prix des engrais azotés ont ainsi enregistré en septembre une hausse de 149 % sur une base annuelle et ceux de la roche phosphatée de 254 %. Ces prix prohibitifs poussent aujourd’hui les agriculteurs à retarder leur décision d’achat d’engrais et donc de plantation, ce qui in fine pourrait grandement affecter la récolte 2023.