Négociations de l’OMC
L’agriculture n’est plus tout-à-fait seule
« Il y a une prise de conscience que les attentes doivent être calmées », et, faute de temps, « ce que nous allons avoir, c’est une conférence de Hong Kong reformatée », a affirmé le 8 novembre à Genève le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, à l’issue d’une réunion de quelque vingt pays membres de l’OMC. Fort de sa nouvelle offre agricole du 28 octobre, conditionnée à des avancées des autres partenaires dans tous les domaines, le commissaire européen Peter Mandelson avait obtenu, avec l’appui du représentant américain au commerce, Rob Portman, que la libéralisation des échanges industriels et des services soit sérieusement discutée la veille à Londres, lors d’une rencontre plus resserrée entre l’UE, les Etats-Unis, le Brésil, l’Inde et le Japon, organisée par M. Nath. « Je me demande parfois si certains des objectifs poursuivis par l’UE sont authentiques ou seulement un prétexte pour ne pas faire de concessions en matière agricole », s’est du coup demandé le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim. De son côté, M. Portman a affirmé que la menace de Paris de ne pas avaliser un accord qui outrepasserait les limites de la Pac réformée était « le plus important point de blocage ». « La France ne veut pas être accommodante », a-t-il dit, ajoutant que, tant qu’il n’y aura pas de compromis sur l’agriculture, « il sera difficile pour les autres pays ayant un intérêt dans ce secteur d’accepter un accord sur l’industrie ».
Les pays membres de l’OMC pourraient avoir besoin d’un « Hong Kong bis », a estimé le 8 novembre à Genève Celso Amorim. « Mais, si cela arrivait, cela ne voudrait pas dire abaisser l’ambition » du cycle de Doha, a ajouté le chef de la diplomatie brésilienne, qui redoute toutefois que les pays du Nord ne « mettent la barre très haut » sur les produits industriels et les services afin de jeter la pierre à ceux du Sud en cas d’échec des négociations.