«L’agriculture familiale n’est qu’un moment dans l’Histoire»
À paraître le 20 octobre, le second ouvrage des sociologues Bertrand Hervieu et François Purseigle s’intitule « Une agriculture sans agriculteurs » (éd. Presses de Sciences Po). Un titre provocateur qui décrit le surgissement récent de nouvelles formes d’exploitation agricole au sein de la ferme France. Déléguées, intégrées, « clusterisées », en association… Exercées non plus par le seul agriculteur-chef d’exploitation et sa famille, ces nouvelles façons de travailler impliquent un assemblage varié de sociétés, de nouveaux métiers, de salariés. Après l’agriculture « patriarcale » de la 3e République, l’agriculture « conjugale » de la Révolution silencieuse, l’agriculture française entre « dans une nouvelle phase », constatent les deux chercheurs. Le phénomène doit être accompagné par les pouvoirs publics, plaident-ils, en ce qu’il correspond pour partie aux aspirations des nouvelles générations d’agriculteurs, confrontés à une « charge mentale » et une solitude croissantes. Souvent sacralisée, présentée comme une « nécessité absolue », l’agriculture dite « familiale » apparaît dans ce tableau comme un simple « moment dans l’Histoire », une « contingence ». Entretien.