Blockchain et agriculture, une lente hybridation
Après de premiers essais dans la traçabilité agroalimentaire à la fin des années 2010, c’est au tour du vin et des grandes cultures d’être courtisés par les blockchains. Dans le domaine du vin haut de gamme, une vingtaine de start-up sont nées en quelques mois pour développer, notamment, de nouvelles plateformes de marché de type Web3. En grandes cultures, l’argentin Agrotoken a convaincu la banque espagnole Santander et les cartes bancaires Visa avec sa cryptomonnaie de financement des producteurs de soja. Selon le Boston consulting group (BCG), l’agriculture est, avec l’immobilier d’habitation, une cible idéale de la « tokenisation » des actifs, qu’il s’agisse des commodités ou du foncier agricole lui-même. Au Canada, la start-up RealT, spécialisé dans l’immobilier « tokenisé », devrait se lancer dans l’agriculture à horizon 2023. En France, de gros propriétaires seraient déjà intéressés, assure le cabinet Bruzzo-Dubucq. Autant d’initiatives marginales, très immatures et aux effets méconnus, mais porteuses d’une même promesse : la baisse des coûts des contrats et des contrôles par le numérique. Et l’ouverture de l’agriculture à de nouveaux services.
« La blockchain dans le quotidien des agriculteurs, ce n’est pas avant dix ans », avertit Emmanuel Aldeguer. Bien qu’à la tête d’une société spécialisée dans le domaine (OKP4), l’entrepreneur se veut prudent : « Parler de blockchain aujourd’hui, c’est comme si nous parlions d’internet en 1995. Il est encore compliqué d’imaginer tout ce que l’on peut faire, et encore plus pour l’agriculture. » Certes, les exemples d’applications existent bel et bien, mais ils sont, pour une grande partie, prototypiques.