Annie Genevard, une élue rurale LR à l'Agriculture
Le Premier ministre Michel Barnier a choisi une députée LR de la ruralité, Annie Genevard pour ministre de l'Agriculture. Peu connue des débats nationaux agricoles, son profil est pour l'instant marqué par son parti d'origine, proche de la FNSEA, et son département, très laitier et forestier.
La députée Les Républicains du Doubs, Annie Genevard, a été nommée, le 19 septembre, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, en remplacement de Marc Fesneau, qui n'apparait pas dans le nouvel exécutif.
Annie Genevard s'est fait connaître récemment comme secrétaire générale des Républicains, parti secoué par le ralliement de son président, Eric Ciotti au Rassemblement national (RN) lors des dernières législatives. Depuis son exclusion - contestée en justice - c'est elle qui a pris depuis la tête de la gouvernance du parti avec François-Xavier Bellamy.
Ancienne professeure de français, la nouvelle ministre bénéficie d'un solide ancrage politique dans le Doubs, département très laitier, où elle est née et où sa mère, Irène Tharin, fut députée UMP (2002-2007). Elle-même a été conseillère régionale (2004-2012) de Franche-Comté et maire (2002-2017) de Morteau, et à ce titre présidente de l'association nationale des élus de montagne.
Femme de terrain
«Je la croise régulièrement, rapporte Christophe Chambon, secrétaire général adjoint de la FNSEA et éleveur dans le Doubs. Elle a toujours travaillé pour la cause agricole, et récemment durant les débats sur la LOA, elle a travaillé sur des amendements proposés par la FNSEA».
«C'est une femme de terrain, elle est présente à tous les évènements ruraux, confirme la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Lyonnais. Elle a un fonctionnement républicain, elle nous reçoit, mais elle se mobilise dans les limites de sa vision. C'est une femme assez traditionnelle, dans une circonscription acquise à la droite».
«Je travaille pour les agriculteurs depuis bien longtemps», a-t-elle déclaré peu de temps avant sa nomination samedi à France 3 lors d'un déplacement sur des comices agricoles. Son suppléant, Eric Liégeon, est agriculteur, et ancien vice-président de la FDSEA du Doubs, investi de longue date à la tête de la Safer départementale.
Membre de la commission de l'éducation, Annie Genevard n'est pas une habituée des débats agricoles à l'Assemblée, même si elle a participé à l'examen de la LOA. D'après ses réponses à un questionnaire de la Coordination rurale en juin, ses positions agricoles collent à celles de son parti (refus du Ceta, baisses de fiscalité, abaissement des normes...)
Département ultra laitier
Son profil est surtout marqué par son département d'origine ; le Doubs est un des départements français où la production agricole est la plus dépendante du lait de vache. Il est connu pour son élevage très herbager, ses fromages d'appellation (Comté, Morbier, Mont d'Or) et ses fruitières. La filière bois y est également très forte ; la forêt couvre 28% du territoire du Doubs, contre 43% pour le reste de la France.
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a donné le 22 septembre «15 jours» à la nouvelle ministre de l'Agriculture pour annoncer des mesures sur des prêts bonifiés aux céréaliers, viticulteurs et éleveurs en crise et sur la vaccination des troupeaux face aux épizooties. La première urgence «concerne le PGE (prêt garanti par l'Etat, NDLR) agricole, c'est-à-dire un prêt bonifié par l'État et par les banques qui permet aux agriculteurs de financer leur cycle d'exploitation, qu'ils soient céréaliers, viticulteurs ou éleveurs. Ça, c'est la priorité», a déclaré Arnaud Rousseau à l'AFP.
La deuxième urgence c'est d'«obtenir des vaccins rapidement pour que les éleveurs puissent vacciner le maximum possible leurs troupeaux et faire en sorte que pour ceux qui ont perdu des animaux, on commence la campagne d'indemnisation», a-t-il ajouté. «On donne à la ministre 15 jours pour être capable de nous dire ce qu'elle entend faire sur les mesures d'urgence», a-t-il déclaré.
Greenpeace voit rouge
La Coordination rurale a pour sa part redemandé à être reçue «au plus vite». «Après 9 mois de vide et 90 (jours, NLDR) de vacance, chaque jour compte», alerte le syndicat dans un communiqué.
L'ONG environnementale Greenpeace estime le 19 septembre que le gouvernement de Michel Barnier «semble déjà enfermé dans les logiques dépassées de l'ancien monde» face à l'urgence climatique. «Nous avons besoin d'actions radicales et ambitieuses pour faire face aux crises climatiques et sociales, mais ce gouvernement semble déjà enfermé dans les logiques dépassées de l'ancien monde», cingle son directeur général, Jean-François Julliard, cité dans un communiqué.
«Ce n'est pas avec des demi-mesures qu'on fera baisser les émissions de gaz à effet de serre ni qu'on protégera les plus vulnérables», ajoute-t-il. Selon Greenpeace, «le choix d'Annie Genevard au ministère de l'Agriculture laisse présager le pire au regard de sa faible expérience sur ces thématiques, et de ses quelques prises de position sur le sujet en tant que députée Les Républicains».