Comment Rennes transforme son agriculture
Comme l'observe le chercheur Xavier Guiomar (AgroParisTech), les politiques agricoles des métropoles ont muté ces dernières années, visant de plus en plus à réorienter les systèmes de production, vers le bio notamment. C'est le cas de la métropole de Rennes (457 000 habitants), qui sera la première étape de notre série, à quelques jours de l'ouverture de son salon international de l’élevage, le Space. Dirigée depuis 1977 par les socialistes, la capitale bretonne est souvent citée parmi les villes pionnières en matière de politique alimentaire, avec son programme local pour l’agriculture (PLA) adopté dès 2008. Ce printemps, elle a étendu son plan alimentaire territorial (PAT) à toute la métropole: 50% de surface agricole en bio, réduction de 15 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), développement de «l’agriculture urbaine»… Le programme est ambitieux et résolument «vert». Concrètement, le PAT de Rennes Métropole reprend certains dispositifs innovants lancés par la mairie de Rennes, comme la démarche Terres de Sources qui incite les agriculteurs à améliorer leurs pratiques pour préserver l’eau. Et la collectivité veut aller plus loin en intervenant directement sur le foncier et l’installation de nouveaux producteurs. La chambre d’agriculture et la FDSEA d’Ille-et-Vilaine pointent cependant les limites de la stratégie métropolitaine (installation 100 % bio, faible garantie de valorisation pour les agriculteurs). Sur la forme, elles déplorent un manque de concertation.
Située au cœur du premier département laitier de France, l’Ille-et-Vilaine, la métropole rennaise a une particularité : les terres agricoles représentent plus de la moitié de sa surface (55 %). Pas moins de 38 800 hectares sur lesquels sont installées plus de 700 exploitations. Les filières alimentaires et agricoles, historiquement tournées vers l’exportation, pèsent lourd dans l’économie locale et représentent 28 000 emplois. « Pendant des décennies, Rennes a tourné le dos à son environnement agricole.