Enquête
Hésitations européennes sur la déforestation importée
Alors que la France et l’Union européenne planchent depuis 2018 pour éviter la déforestation importée, ces travaux n’ont encore mené à aucune politique claire, ni aucun outil concret. La Commission européenne doit faire de nouvelles propositions en mars dans le cadre de la stratégie «De la fourche à la fourchette», mais elle pourrait être échaudée par le conflit en cours à l'OMC face à l'Indonésie sur l'huile de palme. La Stratégie nationale française en est encore à une phase de «production de connaissances» et l'élaboration d'outils de traçabilité. En soja, l'affaire est rendue plus compliquée, mais plus urgente, par le déclin de la politique de protection brésilienne. Performante dans les années 2000, elle est grevée par les difficultés économiques du pays. La piste d'un dialogue direct avec les régions brésiliennes concernées (Para, Mato-Grosso, Rondonia) est sur la table.
La lutte contre la déforestation n'est pas tout à fait le tonneau des Danaïdes, mais elle s'en rapproche. Lorsque le gouvernement brésilien jouait pleinement son rôle contre ce phénomène, au début des années 2000, il a imposé un moratoire sur le soja en Amazonie, dont les effets font consensus, même dans les rangs des ONG. Minimum de 80 % de boisement sur les parcelles cultivées ; déclaration des parcelles dans un registre national des propriétés ; contrôle strict de son application, avec la menace d’amendes pouvant atteindre plusieurs millions de dollars.
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