En Argentine, «l’agrobusiness possède cinq pattes»
Juan Grabois est un avocat argentin, conseiller du pape François et militant de la cause paysanne. Il a défendu le groupe d’agriculteurs bio qui a occupé de force, l’an dernier, une des fermes appartenant à l’ancien ministre de l’Agriculture argentin, dans le but de dénoncer une distribution du foncier agricole qu’ils jugent inéquitable. Dans un entretien à Agra Presse, il livre sa vision de l’agro-business sud-américain et décrypte la dynamique des organisations paysannes dans son pays.
Comment évolue l’agriculture argentine ces dernières années ?
En Argentine, deux mondes agricoles coexistent. Il y a, d’un côté, l’agrobusiness, qui produit des commodities pour l’export, a accouché de ce « désert vert » qu’est le tout soja et maïs. L’agrobusiness possède cinq pattes : la finance, la propriété foncière, les pools de semis, les semenciers et les exportateurs. Ce sont eux qui détiennent le pouvoir réel en Argentine. Et ce pouvoir, c’est l’argent, libellé en dollar, dont vivent nos politiques.