Prix du lait
Le gouvernement cherche une sortie de crise
Alors que le dialogue entre les producteurs et les transformateurs laitiers est totalement rompu, le gouvernement tente de trouver une sortie de crise en nommant deux médiateurs. Même si l’un d’eux, Philippe de Guénin, est un familier des questions laitières, il n’est pas certain que cela suffise. La crise laitière actuelle n’est pas seulement une question de prix du lait payé aux producteurs – même si la baisse de 30 % sur leur livraison d’avril a mis le feu aux poudres. Souvent citée en exemple pour son organisation et son sens de la responsabilité, la filière laitière fédérée pendant dix ans autour d’un accord interprofessionnel sur le prix du lait est aujourd’hui « dans le vide », selon la formule d’Henri Brichart, le président de la FNPL. Le syndicat, qui souhaite évidemment des perspectives plus favorables pour le prix du lait, réclame aussi que « l’interprofession nationale soit replacée au cœur des débats ». Elle n’a plus le pouvoir d’orienter le prix du lait depuis un an. La faute à la répression des fraudes (DGCCRF) qui, en plein débat politique sur le pouvoir d’achat, a interdit à l’interprofession d’établir sa « recommandation nationale » trimestrielle. Depuis, la filière ne s’en sort plus. La délicate mission des médiateurs est de « renouer le dialogue » au niveau national et régional. Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, met en garde contre le risque de « parlottes ». « Les orientations nationales (sur le prix du lait : ndlr) sont indispensables », a-t-il dit après avoir été reçu par Michel Barnier le 20 mai, au lendemain d’une grande journée d’action. Le temps presse. Les médiateurs « doivent aboutir rapidement », a fait savoir le ministre : les élections européennes sont dans moins de trois semaines.
Nicolas Sarkozy, le chef de l’État, ne croyait pas si bien dire lorsqu’il avait évoqué les crises dans le secteur agricole pour justifier le maintien de Michel Barnier, tête de liste UMP aux Européennes, à son poste de ministre de l’Agriculture jusqu’à l’élection. En effet, personne ne peut feindre l’étonnement sur la crise que vit actuellement le secteur laitier. Un dossier qui ressemble depuis quelques mois à la chronique d’une crise annoncée.