Syndicalism
Les manifestations agricoles, un répertoire pacifié
La FNSEA et les JA ont organisé le 8 octobre des barrages routiers dans toute la France, et projettent de se rassembler devant les préfectures le 22 octobre, avant un « temps fort » à Strasbourg attendu pour le 15 novembre. Si le mot d’ordre prend un accent particulier cette année – la lutte contre la « déconsidération » et l'« agribashing » davantage que les difficultés économiques –, les modes d’action s’inscrivent dans un répertoire bien connu, construit depuis le début du XXe siècle et les révoltes fondatrices des vignerons du Midi et de Champagne. Dans son ouvrage paru en février, le professeur d’histoire contemporaine Édouard Lynch étudie la spécificité des actions du monde agricole – le recours presque systématique à « l’action directe », souvent illégale – et dresse de grandes tendances. Après le drame de Montredon de 1976 – deux morts, un agriculteur et un CRS – et l’alternative pacifique proposée par la lutte du Larzac, la violence des actions a sensiblement reflué, pour se tourner résolument davantage vers « la mise en scène symbolique » à destination des médias.
Des « 1 000 tracteurs » réunis à Paris en 2015 aux « 100 barrages routiers » organisés cette semaine (FNSEA/JA), du « démontage » de la ferme des 1 000 vaches en 2014 (Confédération paysanne), aux millions de litres détruits lors de la grève du lait de 2009 (Apli) ; les principales actions syndicales des dix dernières années ont pour point commun d’avoir des précédents très similaires au siècle précédent. C’est ce que l’on découvre dans l’ouvrage de l’historien Édouard Lynch, intitulé Insurrections paysannes (éd. Vendémiaire, 2019).
Mots-clés