Manifestations agricoles : une pièce en trois actes

L’ensemble des syndicats en branle, une centaine de points de blocages, 10 000 agriculteurs engagés et un espace médiatique saturé. La mobilisation que vient de connaître le monde agricole est historique à de nombreux égards. Comme une fiction classique, elle s’est construite en trois actes. Le premier, c’est l’élément déclencheur : des blocages en Occitanie, sur fond de manque de revenu, qui attirent les médias et de premières réponses d’urgence d’un Premier ministre fraîchement nommé. Galvanisé par la réceptivité des médias à ses préoccupations, le monde agricole ne s’en contente pas, et veut se mobiliser, dans toute la France. Sur fond d’élections européennes et professionnelles, les syndicats agricoles ont donc organisé le deuxième acte : la confrontation. « Siège » de Paris par la FNSEA et les JA, montée vers la capitale et tentative de blocage de Rungis par la CR, blocages de plateformes de centrales d’achat par la Conf'. Cette mobilisation d’envergure pousse les politiques à agir, et ouvre la voie au dernier acte : la résolution. La Commission européenne a cédé sur les jachères et l’Ukraine, et promis une simplification de la Pac. Le Premier ministre a finalement annoncé une nouvelle batterie de mesures le 1er février (fiscalité, normes…) qui répondent à de nombreuses demandes de la FNSEA et des JA, qui appellent à lever les blocages.
Les trois principaux syndicats agricoles en branle, une centaine de points de blocage, 10 000 agriculteurs mobilisés. Et il faudrait ajouter le nombre record d’heures d’antennes et d’articles de presse. La mobilisation qui avait débuté par des blocages dans le Sud-Ouest et fini par gagner toute la France est, à de nombreux égards, historique. Elle nous renvoie aux grandes mobilisations qui avaient suivi la réforme de la Pac en 1992.