Stratégie
MSA : l’outsider de la protection sociale sort du bois
Le moment est tendu pour la Mutualité sociale agricole (MSA) : elle doit, d’un côté, répondre aux exigences du gouvernement qui lui demande de réduire ses effectifs et ses charges courantes de fonctionnement – un effort supplémentaire vient même de lui être demandé – et, de l’autre, développer son offre de services pour renforcer son assise. Mais, alors que l’institution semble toujours au bord de la dilution au sein du régime général, en raison d’un nombre de cotisants en diminution, la MSA a, au contraire, acquis ces derniers temps une forme de stabilité, voire de légitimité. Mieux, c’est un bond en avant vers la ruralité pour celle qui se voit, pourtant, imposer à partir du 1er janvier 2014 une dotation de l’Etat en lieu et place d’une gestion propre. Mais au travers d’un cadre rigide, comme une mise sous tutelle, elle s’adapte pour sortir du bois et imposer progressivement sa marque. La MSA pourrait en effet devenir, au côté du régime général, l’un des seuls opérateurs qui demeurent, avec des missions inédites, au-delà des frontières agricoles. Elle se voit par ailleurs confier, à partir du 1er janvier 2014, les rênes de l’assurance maladie et accidents du travail en milieu agricole. L’organisme n’en reste pas moins critique de l’action gouvernementale : alors que l’examen du texte de loi sur la réforme des retraites a débuté le 7 octobre, à l’assemblée nationale, la MSA dit oui à la revalorisation des petites pensions agricoles qui devrait bénéficier à 238 000 personnes en 2015, elle s’interroge en revanche sur le moyen pour y parvenir. Elle s’interroge aussi sur l’indemnité journalière maladie dont le montant de la cotisation à valoir par l'agriculteur devrait être fixé en novembre. Elle s'interroge enfin sur ses nouvelles missions à développer. Le point avec Gérard Pelhâte, le président de la MSA.
La Mutualité sociale agricole vit ce paradoxe de devoir sans cesse répondre à de nouvelles mesures de restrictions économiques, tout en proposant un service de qualité et une offre renouvelée, pour justifier sa légitimité. Face au régime général, l'existence de la MSA, cette spécificité propre au monde agricole, parvient-elle encore à se justifier?
Gérard Pelhâte : Bien sûr qu'elle se justifie.
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