Enquête
Numérique : la peur des géants
Amazon, Google, Alibaba, IBM. À mesure que les filières agricoles et agroalimentaires se numérisent, une peur grandit dans le secteur agricole de voir les géants du numérique, en particulier s’ils sont américains ou chinois, capter toute la valeur de ces marchés naissants, et gagner en influence sur les marchés agricoles traditionnels. Depuis quelques mois, les ponts se multiplient entre les deux mondes : collaborations de Bayer avec Alibaba, d’InVivo avec Microsoft, de Carrefour avec IBM, de Prince de Bretagne avec Amazon. Ou encore des offres commerciales agressives auprès des start-up agtech, parmi lesquelles Karnott, Copeeks, Connecting Food sont devenues des partenaires. Face à quoi certains observateurs prônent une « vigilance géostratégique », comme le spécialiste de géopolitique Sébastien Abis, ou bien la construction d’une stratégie européenne « d’indépendance agri-digitale », comme le cabinet Valeur Tech. Mais une question agite le secteur : quand ces géants vont-ils « accélérer » la pénétration du marché, et quelle surprise vont-ils nous réserver ?
Avant toute chose, qu’est-ce qui peut bien attirer les géants du numérique dans un secteur comme l’agriculture, qui n’est pas réputé pour être le plus rentable de l’économie ? Première réponse : trouver des utilisateurs pour leurs réseaux, créer du flux en les rendant utiles au secteur agricole, expliquent les acteurs français de l’agtech. Ces géants « cherchent des partenariats sectoriels pour rentabiliser leurs investissements », analyse Sébastien Picardat, directeur de la plateforme d’échange de données agricoles Api-Agro.
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