Une pénurie d’engrais azotés menace les agriculteurs
Le spectre d’une pénurie d’engrais azotés plane sur l’agriculture. Elle se manifeste par une flambée des cours, qui accélère ces dernières semaines. L’ammonitrate, l’urée ont plus que doublé en 2021, la solution azotée quasiment triplé. Cette hausse des prix est alimentée par la demande, soutenue par une bonne valorisation des grandes cultures. Mais l’explication vient surtout du fort renchérissement du gaz, à des records le 6 octobre en Europe. Pour les producteurs d’engrais, qui l’utilisent dans leur fabrication, l’équation économique devient insoluble. Des usines ferment, d’autres tournent au ralenti. Un manque de marchandise se fait sentir. Et comme les agriculteurs ont repoussé leurs achats, le marché n’est couvert qu’à 60 %, disent les distributeurs. « Pour la première fois de l’après-guerre, on pourrait ne pas être capables d’assurer 100 % des besoins au début des épandages », redoute Antoine Hacard, président de La Coopération agricole – Métiers du grain. Réponse cet hiver.
« Nous sommes très inquiets à propos de la hausse des prix mais aussi des risques de pénurie d’engrais, déclare Eric Thirouin, président de l’AGPB (producteurs de blé, FNSEA). Car les industriels rationnent leur offre et les importations sont au point mort, notamment sur la solution azotée. Les causes de cette crise restent à éclaircir mais elles semblent multiples : prix du gaz, mais aussi forte demande mondiale en engrais, concurrence insuffisante sur le marché européen de l’azote, barrières tarifaires aux importations et baisses de production en Europe. »