Espagne : l'irrigation sous pression
Après des mois de sec, des pluies ont enfin arrosé l’Espagne ces dernières semaines. Comme en France, elles ne devraient pas étancher la soif de l’agriculture espagnole, qui fait face à l’une des pires sécheresses de son histoire récente et à des niveaux de nappes très bas. La situation est telle que des transferts du Tage vers le Levant ont dû être réduits, début mai, pour préserver le débit du plus grand fleuve de la péninsule ibérique. 12 000 hectares de cultures irriguées seraient sur la sellette. Pressé par le changement climatique, Madrid relance un combat séculaire pour l’eau, jusqu’ici nourri de transferts inter-régionaux, de retenues, de micro-irrigation, ou d’usines de dessalement d’eau de mer. Annoncé en pleine campagne électorale, le récent plan du gouvernement socialiste poursuit dans cette voie, avec notamment de nouvelles usines de dessalement, essentiellement destinées à la consommation humaine. Le syndicalisme agricole majoritaire reste sur sa faim. Les irrigants cherchent à obtenir de nouvelles autorisations de prélèvement, et à moderniser rapidement le parc hydraulique existant.
Avec ses 1 200 retenues, ses centaines d’usines de dessalement d’eau de mer et ses 3,8 millions d’hectares (Mha) irrigués, l’Espagne paraît bien loin de la France, pourtant cachée juste derrière les Pyrénées. Rompu aux périodes de sécheresses, en lutte de longue date contre la désertification, le pays a réinvesti dans les installations hydrauliques dans les années 2000 en misant notamment sur le dessalement de l’eau de mer – dont les volumes vont à 22 % vers l’agriculture. Symbole de cette nouvelle ère : Barcelone.