Budget : exit Barnier, retour à la case départ pour l'agriculture

En renversant le gouvernement, l’Assemblée nationale a effacé le travail de plusieurs mois sur les textes budgétaires 2025, sur lesquels comptait le syndicalisme agricole majoritaire. Retraites agricoles, TO-DE, fiscalité de la transmission… Il efface également les coupes budgétaires dans la transition écologique prévues par le gouvernement Barnier, et retarde l’examen de plusieurs textes au Parlement (projet de loi d’orientation agricole, proposition de loi sur les entraves…). Tout sera à refaire en vue du prochain débat budgétaire promis par le président de la République pour « début 2025 ». Dans l’immédiat, le sort de plusieurs mesures récentes d’ordre réglementaire ou infra-réglementaire est incertain, notamment la création d’un comité d’orientation des phytos, ou les prêts garantis après 2024. En pleines manifestations agricoles, et à quelques semaines des élections professionnelles, la FNSEA perd un gouvernement très à son écoute, sans connaître la couleur du prochain. Le syndicat a appelé au boycott des contrôles « tant que les promesses ne sont pas honorées ». Dans la perspective d’un possible accord commercial avec le Mercosur le 6 décembre, la tension pourrait monter d’un cran.
Le scénario se précisait depuis quelques jours, craint par les représentants du syndicalisme majoritaire. Le gouvernement de Michel Barnier est tombé : les députés de la gauche et du Rassemblement national ont conjointement adopté le 4 décembre une motion de censure, la deuxième seulement de l’histoire de la Ve République. Le lendemain, Michel Barnier a présenté sa démission au chef de l’État, qui l’a acceptée. Le gouvernement est dit démissionnaire, et ne gère plus que les affaires courantes.