Le RSA, la petite aide qui monte en agriculture
Pendant que les effectifs d’exploitants et le budget de la Pac s’érodent, le nombre d’agriculteurs bénéficiaires du RSA progresse, de 25 % depuis dix ans. Une tendance qui semble tenir autant de la banalisation du dispositif que de la précarisation d’une partie du secteur agricole. Bien qu’il reste marginal, bénéficiant à 2,5 % des exploitants en 2023, soit un agriculteur sur quarante, le RSA ne semble plus être un tabou parmi les jeunes générations, qui l’utilisent aussi bien comme une aide sociale qu’un « tremplin » pour l’installation, notamment en maraîchage bio. Malgré cette dynamique, le taux de non-recours reste élevé en agriculture, à près de 40 %, soit 6 points de plus que la population générale. Pour y remédier, l’automatisation des procédures est en route. Mais la réforme du RSA pourrait enrayer ces efforts, obligeant les bénéficiaires à effectuer 15 heures d’activités en 2025. Des assouplissements sont toutefois dans les tuyaux, à défaut d’une dérogation.
Année de toutes les crises (MHE, FCO, moissons, vin rouge, bio, signes de qualité…), 2024 ne risque pas de changer cette tendance : le nombre d’agriculteurs bénéficiaires du RSA socle a progressé de 25 % depuis dix ans. Entre banalisation du dispositif, notamment chez les jeunes, et précarité d’une partie des agriculteurs, la tendance reste difficile à analyser, mais traduit de fait une montée en puissance de ce dispositif, longtemps tabou dans le secteur agricole. Comme l’eau et l’huile, les clichés de l’exploitant et du RMiste ont longtemps semblé s’opposer.