Manifestations : pourquoi le mouvement est parti d'Occitanie
Ils sont les initiateurs du mouvement « On marche sur la tête », puis du blocage de l’autoroute A64. Les agriculteurs occitans sont à l’origine d'une vaste mobilisation, devenue nationale depuis le 22 janvier, accompagnée par l'ensemble des syndicats agricoles. Plusieurs raisons expliquent que l’étincelle soit partie de cette région. D’abord la stagnation de son agriculture : historiquement bas, le « PIB agricole » par actif de l’Occitanie a augmenté deux fois moins vite qu’en France métropolitaine depuis 2010, malgré des efforts de montée en gamme. La région est aussi en première ligne de la plupart des crises agricoles en cours. Crises sanitaires d’abord, avec la MHE et l’influenza aviaire, dont la lenteur du versement des aides est pointée du doigt. S'y ajoutent deux grandes crises de marché : celle du bio et du vin – deux productions dont l'Occitanie est la championne nationale. Enfin, la région est en première ligne du changement climatique – avec une sécheresse historique en Pyrénées-Orientales – et des attaques de grands prédateurs, notamment de l’ours en Ariège. Un cocktail qui ne pouvait que conduire la région à renouer avec sa culture syndicale. C’est le Midi viticole qui avait inventé les barrages routiers, en 1957.
Comment expliquer que cette mobilisation nationale soit partie d’Occitanie, et pas de Bretagne – où les laitiers grondent contre Lactalis – ou encore de Beauce, où les céréaliers veulent mettre fin aux jachères. L’explication complète et définitive est bien sûr introuvable, les étincelles sont souvent contingentes, et l’histoire n’est pas une science expérimentale. Mais tout de même: plusieurs facteurs explicatifs peuvent être mis en avant.