Sur les pas d’Emile Zola : la terre à façon
En 1887, Emile Zola publie "La terre", son célèbre roman sur les paysans. C’est le récit d’une dérive morale, celle d’un couple de petits exploitants pervertis par la misère et par une obsession : posséder de la terre. Près d’un siècle et demi plus tard, Agra Presse est retourné sur le lieu qui a inspiré l’écrivain : Romilly-sur-Aigre, en Eure-et-Loir. Cinq agriculteurs vivent encore dans ce village de 400 habitants à la frontière de la Beauce et du Perche. La société paysanne a disparu, les fermes ont grandi – mais la passion de la terre a survécu, et les mêmes histoires se répètent. M. Gasselin va céder sa ferme. Un jeune salarié agricole, Andréa, en cherche une à reprendre. S’entendront-ils ? La terre est toujours aussi difficile à quitter, l’acquérir reste un accomplissement. Mais depuis 20 ans, les exploitations de Romilly ont beaucoup changé : trois des cinq agriculteurs ne possèdent plus leurs propres machines, ils ne travaillent plus la terre eux-mêmes. Quasi-retraités ou jeunes installés, ils délèguent l’ensemble des travaux à des voisins. Ce sont les « fermes à façon ».
Quelques mois après la parution de Germinal (1885), Emile Zola se lance dans l’écriture du roman La terre, avec lequel il entend poursuivre sa vaste Histoire naturelle et sociale du Second empire – Les Rougon-Macquart. Après Marivaux (Le Paysan parvenu, 1734), Balzac (Les paysans, 1855) ou George Sand (La mare au diable, 1846), Emile Zola veut, à son tour, croquer la campagne. Et pour faire mieux que ses prédécesseurs, le « romancier du peuple » compte sur son approche « scientifique ».