L'élevage multi-sites : modèle malgré lui
Pour développer leurs ateliers de porcs, volailles de chair ou pondeuses, de plus en plus d’éleveurs des filières hors-sol travaillent sur plusieurs sites à la fois, souvent après le rachat de bâtiments d’occasion. Au niveau national, 8 % des éleveurs de porcs détenaient plusieurs sites en 2020. Et 7 % des exploitations de poulets de chair ne déclarent pas de surfaces – le plus souvent rattachées à d’autres entités juridiques. En œufs, 30 à 40 % des éleveurs de l’Ouest seraient en multi-sites, généralement les plus gros, à dire d’expert. Le phénomène est bien sûr porté par l’érosion du nombre d’agriculteurs, et les mises aux normes parfois trop chères pour certains petits éleveurs, qui cèdent leurs bâtiments à un voisin. Mais aussi par les réglementations environnementales qui dissuadent les nouvelles installations d’envergure, et poussent aux reprises d’ateliers de taille moyenne, en particulier dans l’ouest de la France. En volailles, le multi-sites tient aussi à l’essor des Labels rouges et de la bio, qui imposent des cloisonnements entre cahiers des charges. Un phénomène que la réforme IED pourrait renforcer.
D’après le recensement agricole, la France a perdu 10 000 exploitations spécialisées en porc et volailles durant la dernière décennie. Derrière ces statistiques, la chute est probablement plus grande, car une partie de la concentration du secteur est masquée. Comme dans d’autres productions, les agriculteurs ont parfois des parts dans plusieurs sociétés à la fois ; en élevage hors-sol, ce phénomène est accru par la multiplication des sites de production. C’est ce qu’on appelle l’élevage multi-sites, en plein développement depuis une vingtaine d’années.