Nanopesticides, l'innovation invisible
Réputés efficaces à plus petites doses, les nanopesticides sont déjà utilisés aux États-Unis, au Brésil et en Inde, souvent sans grande publicité de leurs fabricants auprès des agriculteurs. En Europe, les fabricants et Bruxelles assurent qu'aucune substance active n'a encore été autorisée. Le bénéfice technologique ne semble pas avoir été jusqu'ici suffisant pour les convaincre de se lancer dans une procédure d'homologation. On retrouve toutefois déjà des nanomatériaux dans les co-formulants, de manière non-intentionnelle, assurent les fabricants. Face à leur essor, les agences réglementaires enquêtent. L'Anses doit produire une avis courant 2025. En Europe, l’Echa (produits chimiques) vient tout juste de publier un rapport démontrant qu’il est difficile de faire un état des lieux du marché. Qu'ils soient utilisés comme matières actives ou co-formulants, les scientifiques se posent nombre de questions sur les effets des nanomatériaux sur la santé humaine et l’environnement. D’après eux, la balance bénéfices-risques demeure à évaluer, au cas par cas.
La question des nanomatériaux dans les pesticides inquiète-t-elle les autorités sanitaires ? C’est ce que laisse à penser l’autosaisine de l’Anses, en cours, qui vise à faire le point sur la présence de nanoparticules dans les produits phytopharmaceutiques et les produits biocides. Cette analyse, qui doit aboutir à un avis « courant 2025 », est motivée par la récurrence de l’agriculture dans R-Nano, le registre de déclaration annuelle obligatoire des nanomatériaux (voir encadré).