Eleveurs contre laiteries : ce que la déprise révèle
Déprise, décapitalisation du cheptel, baisse de collecte… le secteur laitier connaît une situation inédite, qui change le rapport de force entre producteurs et laiteries. De nouveaux comportements de négociation apparaissent chez les organisations de producteurs (OP), qui n’hésitent plus à mettre les industriels en concurrence, ou à engager de lourdes démarches en justice. Le résultat d’une conjoncture, mais surtout d’une dizaine d’années de structuration post-quotas, qui reste toutefois à achever. Très, voire trop, nombreuses (70 en France), les OP constatent que leur pouvoir de marché reste souvent faible, même associées entre elles en AOP. Pour peser davantage à l’avenir, elles cherchent de nouveaux leviers : propriété des tanks à lait, facturation voire commercialisation.
La déprise a changé bien des comportements dans la filière laitière. À commencer par les laiteries, qui ont désormais soif de lait, même des privés. Sodiaal se dit prêt à accueillir de nouveaux sociétaires et investit dans le renouvellement des générations. De son côté, Danone clame haut et fort être à la recherche de 100 millions de litres de lait d’ici 2028 pour fournir ses outils industriels. À rebours de ses principaux concurrents nationaux, Lactalis envoie cependant un signal contradictoire.